Le “brainrot” : pourquoi l’humour absurde prend le contrôle des feeds
Tu ouvres une appli “juste 5 minutes”, et tu tombes sur une vidéo qui n’a aucun sens : une voix robot, un montage ultra rapide, des mots inventés, des images qui s’empilent. Et pourtant… tu restes. Bienvenue dans l’ère du “brainrot”, l’humour absurde qui colonise les feeds.
Le truc, c’est que l’absurde n’est pas un accident. C’est une réponse directe à la surdose d’informations. Quand ton cerveau est saturé de contenus sérieux, de news, de notifications, il cherche une sortie. Un contenu absurde, c’est une pause : tu ne dois pas “comprendre”, tu dois juste ressentir.
Deuxième raison : la vitesse. Les plateformes récompensent ce qui retient l’attention, même quelques secondes. L’absurde fonctionne parce qu’il surprend immédiatement. Tu ne peux pas prédire la suite, donc ton cerveau reste “en alerte”, et l’algorithme adore cette rétention.
Ensuite, il y a le code de groupe. Beaucoup de ces blagues sont des clins d’œil : si tu comprends, tu fais partie de la tribu. Si tu ne comprends pas, tu es “à l’extérieur”. Cette dynamique crée un désir puissant : rester dans le courant, être du bon côté, capter la référence.
Le brainrot est aussi un langage. On peut s’en servir pour exprimer l’épuisement, l’ironie, la gêne, la nostalgie, ou juste le fait que “le monde est trop bizarre”. Dans un univers où tout va vite, l’humour absurde devient une façon de dire : “Je sais. Moi aussi, je le vois.”
Est-ce que ça va durer ? Probablement sous une forme ou une autre, oui. Parce que tant qu’on vit dans une économie de l’attention, les contenus qui surprennent et qui relâchent la pression auront une place. Et l’absurde est l’un des plus rapides à produire, partager et transformer.
La vraie question n’est pas “pourquoi c’est si bête”, mais plutôt : pourquoi ça fait du bien. Et là, bizarrement, tout devient plus logique.